dimanche 29 mars 2015

American Sniper

American Sniper, film américain réalisé par Clint Eastwood, avec Bradley Cooper, Sienna Miller, Luke Grimes. Biopic, Drame, date de sortie 18/02/15, durée 2h12.


Chris Kyle (Bradley Cooper) est le plus grand sniper de l'histoire américaine. Un héros national. Le plus grand tueur de la guerre d'Irak avec au compteur 160 tirs létaux officiels (255 selon ses dires). American Sniper, adapté du roman autobiographique de Chris Kyle, retrace le parcours exceptionnel et inhabituel de ce texan qui s'est dévoué à son pays et à l’œuvre militaire, sacrifiant sa vie de famille, sa tranquillité, et peut-être son humanité ?

La promotion faite autour du film m'avait donné envie d'aller le voir. Je savais, au vu du sujet, qu'il y avait de grands risques de tomber dans le patriotisme exacerbé, surtout quand le tout est réalisé par un cow-boy tel que Clint Eastwood, mais j'avais bon espoir qu'au contraire, la guerre soit fortement remise en cause, j'attendais qu'on nous montre une critique de Chris Kyle, que le personnage soit profond et qu'on nuance son propos.

Autant vous dire tout de suite que cet espoir n'a pas été comblé. Certaines choses m'ont cependant plu. La réalisation est soignée. Des images fortes, des couleurs consciencieusement choisies, une bande-son percutante, autant de détails qui vous plongent dans le film du début à la fin.
Le jeu de Bradley Cooper est irréprochable. C'est un acteur que j'aime beaucoup (je l'ai longtemps réduit à son physique plutôt avantageux, mais l'ai totalement redécouvert dans Happiness Therapy (Silver Lining en VO) où il livre une performance exceptionnelle), et je pense qu'il a tout à fait rempli le contrat avec sa prestation. Peut-être même était-il trop humain pour Chris Kyle qui a déclaré partout où il le pouvait qu'il ne regrettait aucun des meurtres qu'il a commis. Son seul regret était de n'avoir pas pu sauver tous ses hommes. Pour lui il y avait le bon, et le mauvais côté. « Vous préférez qu'on perde nos propres gars ou qu'on tue un des leurs ? » déclarait-il dans une interview en 2014. Et c'est un point de vue qui me déplaît profondément. Certes, c'est un biopic _ adapté d'une autobiographie. Mais il y avait tellement de possibilités de montrer que d'un côté ou de l'autre, il y avait des êtres humains, aussi bien Irakiens qu'Américains.
Eastwood aurait pu montrer la cruauté et les torts de chacun. Mais visiblement, la guerre de 2003 en Irak est encore trop récente dans la mémoire des Américains, et on nous présente les soldats Irakiens comme les pires des enflures face aux américains,_ courageux sauveurs de leur peuple sans franchement nuancer. Alors certes, on nous montre que Chris Kyle perd peu à peu son humanité. Mais Eastwood pose par-ci par-là quelques moments voulant nous attendrir ; son histoire familiale par exemple. Encore un point que je n'ai pas aimé.
Premièrement j'ai trouvé l'histoire avec sa femme extrêmement « clichée », donnant une image du couple particulièrement stéréotypée (bon, c'est un biopic, ils n'allaient pas réécrire sa vie de couple, mais disons que ça ne m'a pas aidé à apprécier la personne). Pire je n'ai pas trouvé d'utilité à ces passages, ils en venaient à casser le rythme du film. Sienna Miller n'est pas époustouflante dans son rôle, mais très jolie, une femme parfaite pour ce héros national. Personnellement, ça ne m'a pas rapprochée du personnage de Chris Kyle (au contraire). Et j'ai culpabilisé de ne pas aimer ce personnage qui nous est vraiment présenté comme un sacré héros.
Décédé en février 2013, tué par un vétéran de guerre traumatisé, il a eu droit à des obsèques nationales qui ont rassemblé les américains.

Je pense que je n'ai pas été touchée par le film comme le réalisateur voulait certainement que son audience le soit. Mais je ne regrette pas d'être allée le voir. Je me suis posée des tonnes de questions par la suite.
Je n'ai pas franchement aimé Chris Kyle tel qu'il est dépeint, mais n'était-il pas qu'un soldat qui obéissait aux ordres, baignant dans le patriotisme depuis sa plus tendre enfance et qui ne voyait en l'autre qu'un ennemi à exterminer ?
Une chose est sûre, cet esprit pro-américain, que je ne rejette pas systématiquement (il m'est simplement culturellement étranger), m'a ici vraiment dérangée parce qu'il crache au passage sur les pays du Moyen-Orient qui ne sont humanisés à aucun moment dans le film. Est-ce un parti-pris pour tout montrer du point de vue du sniper ? Peut-être, il n'empêche que cet homme est un héros pour une majorité d'américains, et je trouve la déduction qui en découle assez effrayante.

♥♥♡♡♡

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