American
Sniper, film américain réalisé par Clint Eastwood, avec
Bradley Cooper, Sienna Miller, Luke Grimes. Biopic, Drame, date de
sortie 18/02/15, durée 2h12.
Chris Kyle (Bradley
Cooper) est le plus grand sniper de l'histoire américaine. Un héros
national. Le plus grand tueur de la guerre d'Irak avec au compteur
160 tirs létaux officiels (255 selon ses dires). American Sniper,
adapté du roman autobiographique de Chris Kyle, retrace le parcours
exceptionnel et inhabituel de ce texan qui s'est dévoué à son pays
et à l’œuvre militaire, sacrifiant sa vie de famille, sa
tranquillité, et peut-être son humanité ?
La promotion faite autour
du film m'avait donné envie d'aller le voir. Je savais, au vu du
sujet, qu'il y avait de grands risques de tomber dans le patriotisme
exacerbé, surtout quand le tout est réalisé par un cow-boy tel que
Clint Eastwood, mais j'avais bon espoir qu'au contraire, la guerre
soit fortement remise en cause, j'attendais qu'on nous montre une
critique de Chris Kyle, que le personnage soit profond et qu'on nuance son propos.
Autant vous dire tout de
suite que cet espoir n'a pas été comblé. Certaines choses m'ont
cependant plu. La réalisation est soignée. Des images fortes, des
couleurs consciencieusement choisies, une bande-son percutante,
autant de détails qui vous plongent dans le film du début à la
fin.
Le jeu de Bradley Cooper
est irréprochable. C'est un acteur que j'aime beaucoup (je l'ai
longtemps réduit à son physique plutôt avantageux, mais l'ai
totalement redécouvert dans Happiness Therapy (Silver Lining en VO)
où il livre une performance exceptionnelle), et je pense qu'il a
tout à fait rempli le contrat avec sa prestation. Peut-être même
était-il trop humain pour Chris Kyle qui a déclaré partout où il
le pouvait qu'il ne regrettait aucun des meurtres qu'il a commis. Son
seul regret était de n'avoir pas pu sauver tous ses hommes. Pour lui
il y avait le bon, et le mauvais côté. « Vous préférez
qu'on perde nos propres gars ou qu'on tue un des leurs ? »
déclarait-il dans une interview en 2014. Et c'est un point de vue
qui me déplaît profondément. Certes, c'est un biopic _ adapté
d'une autobiographie. Mais il y avait tellement de possibilités de
montrer que d'un côté ou de l'autre, il y avait des êtres humains,
aussi bien Irakiens qu'Américains.
Eastwood aurait pu
montrer la cruauté et les torts de chacun. Mais visiblement, la
guerre de 2003 en Irak est encore trop récente dans la mémoire des
Américains, et on nous présente les soldats Irakiens comme les
pires des enflures face aux américains,_ courageux sauveurs de leur
peuple sans franchement nuancer. Alors certes, on nous montre que
Chris Kyle perd peu à peu son humanité. Mais Eastwood pose par-ci
par-là quelques moments voulant nous attendrir ; son histoire
familiale par exemple. Encore un point que je n'ai pas aimé.
Premièrement j'ai trouvé
l'histoire avec sa femme extrêmement « clichée »,
donnant une image du couple particulièrement stéréotypée (bon,
c'est un biopic, ils n'allaient pas réécrire sa vie de couple, mais
disons que ça ne m'a pas aidé à apprécier la personne). Pire je
n'ai pas trouvé d'utilité à ces passages, ils en venaient à
casser le rythme du film. Sienna Miller n'est pas époustouflante
dans son rôle, mais très jolie, une femme parfaite pour ce héros
national. Personnellement, ça ne m'a pas rapprochée du personnage
de Chris Kyle (au contraire). Et j'ai culpabilisé de ne pas aimer ce
personnage qui nous est vraiment présenté comme un sacré héros.
Décédé en février
2013, tué par un vétéran de guerre traumatisé, il a eu droit à
des obsèques nationales qui ont rassemblé les américains.
Je pense que je n'ai pas
été touchée par le film comme le réalisateur voulait certainement
que son audience le soit. Mais je ne regrette pas d'être allée le
voir. Je me suis posée des tonnes de questions par la suite.
Je n'ai pas franchement
aimé Chris Kyle tel qu'il est dépeint, mais n'était-il pas qu'un
soldat qui obéissait aux ordres, baignant dans le patriotisme depuis
sa plus tendre enfance et qui ne voyait en l'autre qu'un ennemi à
exterminer ?
Une chose est sûre, cet
esprit pro-américain, que je ne rejette pas systématiquement (il
m'est simplement culturellement étranger), m'a ici vraiment dérangée
parce qu'il crache au passage sur les pays du Moyen-Orient qui ne
sont humanisés à aucun moment dans le film. Est-ce un parti-pris
pour tout montrer du point de vue du sniper ? Peut-être, il
n'empêche que cet homme est un héros pour une majorité
d'américains, et je trouve la déduction qui en découle assez
effrayante.
♥♥♡♡♡
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