A l'occasion du festival Séries-maniaje vous propose un nouveau concept : "J'ai goûté pour vous !". Mes partenaires de plumes et moi-même visionnerons les premiers épisodes de séries (télés ou animés) pour vous dire en une courte critique si elles valent le détour ou non. Let's begin !
London Spy est une mini-série (5x60mn) anglaise d'espionnage créée par Tom Rob Smith en 2015 (a qui l'on doit aussi Enfant 44) avec Ben Whishaw, Jim Broadbent et Edward Holcroft.
Danny, jeune employé dans un entrepôt, mal dans sa peau et fleur bleue dans l'âme croise le chemin d'Alex employé de banque au tempérament impénétrable et froid. S'en suit une histoire d'amour qui cesse le jour ou Alex disparaît sans laisser de traces. Danny va enquêter sur la vie de cet homme dont il sait peu de choses et tenter d'obtenir des réponses à ses questions. Cette mini série est très "typique" dans on aspect "british", manipulations et autres personnages antisociaux ou d'apparences antipathiques sont nombreux. L'histoire d'amour impossible se transforme peu à peu en une quête de l'identité du disparu. Ce thriller finement mis en scène est allié à une B.O de bonne facture qui sait renforcer le récit, un cadre léché et une image qui n'a rien à envier au 7ème art. Ben Wishaw (vu dans le rôle de Q dans les deux derniers 007, Dannish Girl ou encore Cloud Atlas aux côtés là encore de Jim Broadbent) porte magnifiquement le poids de cette série et vaut le détour à lui seul. Plusieurs fois les personnages seront dérangeants voire perturbants (c'est le cas avec Charlotte Rampling) ce qui ajoute à l'ambiance mais pourra faire décrocher certains d'entre vous (il y a eu des rires de gêne dans la salle à ces moments-là). J'ai eu pour ma part un peu de mal avec les changements de personnalité du héros (naïf en début de série puis fin limier en fin de second épisode). Cette série saura néanmoins faire vibre votre fibre émotionnelle (avec ses scènes émouvantes et simplement touchantes) et est habilement maîtrisée comme toute série d'espionnage anglaise qui se respecte. Deux épisodes qui laissent présager de bonnes choses pour la suite, on a envie de revenir et de commander la même chose en compagnie d'amis ! Verdict (sur 5) :
Comment
c'est loin est une comédie française (le film est présenté comme
tel, même s'il n'en est pas une à proprement parler à mes yeux),
réalisée par Orelsan et Christophe Offenstein, sortie le 09/12/15,
avec Orelsan, Gringe, Seydou Doucouré, Paul Minthe, Redouanne
Harjane. Durée : 1h30.
Orel
et Gringe, deux trentenaires qui se comportent comme s'ils en avaient
vingt, sont rappeurs. Du moins, ils essayent. Ça fait cinq ans
qu'ils se font produire, mais cinq ans qu'ils sont incapables de
terminer une chanson. Tout ce qu'ils
écrivent est de plus plutôt médiocre et
redondant. Leurs producteurs, fatigués d'attendre que les
deux rappeurs se mettent vraiment au boulot et leur posent un
ultimatum. Orel et Gringe ont 24h pour écrire une chanson, une
chanson ne parlant pas de futilités, une chanson qui parle aux gens.
Alors que leur carrière toujours pas
entamée est remise en cause, Orel et Gringe vont tenter de se mettre
au boulot, rencontrant moult obstacles.
Autant
le dire de suite, je ne suis pas une fan inconditionnelle des
Casseurs Flowters (le groupe de rap composé par Orelsan et Gringe).
J'apprécie leur musique, sans franchement la connaître. Je ne suis
pas non plus une grande connaisseuse de rap même si c'est un genre
que j'aime beaucoup quand il est bien écrit.
Alors, un film scénarisé et réalisé
par un rappeur, autant vous dire que ça m'a intriguée.
Ce
film, à la fois auto-biographique et fictif, m'a touchée sur
certains points et m'a laissée très indifférente sur d'autres.
J'ai
été sensible à l'extrême sincérité de la démarche. La flemme,
la difficulté de réussir, de bosser, d'être artiste, d'être jeune
mais plus trop. Touchée par ces deux losers attachants mais bons à
rien, enfin si, bons pour raper, si ils se donnaient les moyens de le
faire. Parce qu'ils se débrouillent bien les bougres, ils le
prouvent à plusieurs reprises, sans jamais aller au bout. A travers
tout ça, on sent le témoignage d'Orelsan, les morceaux de lui-même
qu'il a mis dans son film. D'ailleurs, on retrouve pas mal de
références au premier album des Casseurs Flowters tout au long du
film, ce qui nous laisse penser qu'il y a beaucoup de vrai dans tout
ça. L'aspect fictif permet bien sûr de rajouter un peu d'aventure
et de dead line dans l'affaire, mais c'est ici que, selon moi, le
film pêche. L'histoire est marrante, mais un peu bancale à
mon avis. Je me suis laissée portée, parce que je suis bon
public et que la réalisation estompe les faiblesses scénaristiques.
Mais elle ne les efface pas totalement. Pas mal de longueurs et de
moments qui s'étendent beaucoup, un fil rouge moins intéressant que
les histoires secondaires qui se construisent autour, bref, plein de
petits détails qui empêchent de se dire que c'est un grand film.
Heureusement, les acteurs, même s'ils ne sont pas
excellents/professionnels, sont justes
et surtout, jouent avec du cœur et ça se sent.
La
bande son est également on-ne-peut-plus
originale et parfaitement intégrée au film (presque trop, on dirait
parfois que certains passages du film ne sont qu'un prétexte pour
entendre une musique).
Enfin,
gros point noir du film pour moi : l'humour. Qu'on s'entende
bien, je ne dis pas que le film n'est pas drôle, ce serait exagéré
et malhonnête de ma part. Le duo fonctionne bien, sans surprise, et
certaines punchlines sont vraiment à tomber. Mais, sans surprise non
plus, le film surfe parfois beaucoup sur de l'humour sexiste qui,
certes, est énoncé dans la bouche de personnages très losers, mais
reste agaçant et qui m'a personnellement dérangée, rendant
l'expérience un peu moins agréable.
Pour
conclure, « Comment c'est loin » est un bon
divertissement, loin d'être dépourvu de défauts mais agréable à
regarder. La bande originale est un délice pour les amateurs de rap
et surtout pour les fans des Casseurs Flowters. On regrette très
fort quelques raccourcis scénaristiques et un humour bien trop
facile et lourd à mon goût mais on sourit face à l'honnêteté de
l’œuvre et le cœur mis à l'ouvrage pour monter un film généreux
et sincère. Ca donne envie de faire des projets, de se bouger et de croire en soi.