vendredi 11 décembre 2015

The Lobster

The Lobster est une comédie dramatique (et à minima de Science-fiction) greco-anglo-irlando-néerlando-française sortie le 28/10/2015, réalisée par Yorgos Lanthimos avec Colin Farrell, Rachel Weisz et Jessica Barden. Le film dure 1h58min et a reçu le prix du Jury au festival de Cannes 2015. 



Dans un futur proche, le célibat n'étant pas toléré, toute personne seule dispose de 45 jours dans un hôtel pour trouver l'âme sœur. Si celle-ci n’est pas trouvée à ce terme, les célibataires restants seront transformés en l’animal de leur choix. Nous suivons David (joué par un Colin Farrel bedonnant) dans sa quête de l'amour.

Critique sociétale ou simple délire du réalisateur, ce film vogue entre deux eaux et n'hésite pas à dénoncer les stéréotypes sur les couples ou tout simplement sur la situation de célibat. Ici tout est tiré, déformé à l'extrême et nous renvoie à la « futilité » de cette quête de l'élu(e) de notre cœur. Les hommes et femmes du film doivent trouver l'amour où être transformés en animaux, ils n’ont pas d’autre choix possible.
Perturbant, dérangeant, corrosif… peut-être parfois trop ! J'ai beaucoup apprécié le mal être permanent communiqué par l'ensemble des personnages lors de leur quête ou bien quand ils tentent de vivre "autrement". En cela le jeu des acteurs est très juste et on a beau être confronté à quelque chose de très caricatural, on y croit sans peine.Comme c’est généralement le cas des histoires racontées avec un parti-pris très prononcé, si vous ne rentrez pas dans ce film, vous ne l'aimerez en rien, car il n'est clairement pas tous publics. Ne vous attendez pas à voir une comédie romantique classique avec Happy End à l'américaine ! Il n'a de moralité que celle de l'univers dans lequel il se déroule.
Malgré les ingrédients assez austères du film je trouve qu'il donne quand même une note d'espoir quant à l'amour et la fin pourra vous aider à mieux vous y retrouver. Le concept de "la chasse" tel qu’il est présenté m'a aussi beaucoup plu, une bonne idée qui rend le scénario et le monde imaginés par le réalisateur bien plus crédible.

Dur, déshumanisant, sans pitié, l'amour et sa recherche telle qu'elle est dépeinte
peuvent faire froid dans le dos mais ne dit-on pas toujours qu'on serait prêts à sacrifier beaucoup, voire tout ce que l’on a, pour l'être aimé ?!

Pour conclure, je dirais qu'on a affaire ici à un OVNI du cinéma tel que je les apprécie, pour moi il vaut la peine d'être vu malgré le fait qu'il a fait et fera encore
grincer des dents ! 

♥♥♥ 

mercredi 9 décembre 2015

L'Originale, de Thomas Hercouët, 2014-2015, chaîne Youtube



L’Originale est une chaîne YouTube regroupant plusieurs émissions, principalement des podcasts. Mais l’Originale, c’est d’abord un homme, Thomas Hercouët.

Né il y a 27 ans, en Bretagne, Thomas Hercouët se lance dans la radio (le Mouv’) après des études en géographie (comme quoi). En parallèle, il crée un blog (très fourni) et fait des vidéos de pianos sur Dailymotion sous le pseudo Sodomyth. En 2013, il commence à mettre en ligne des contenus de son cru sur Soundcloud sous la forme d’interviews ou de chroniques. Son concept ayant le plus de retentissement est celui de la Nuit Originale, qui réunit des milliers de personnes à chacune de ses éditions.

L’Originale contient plusieurs émissions :
- Qui sont ces gens ? : des interviews de personnalités comme le vidéaste Patrick Baud, le dessinateur Boulet ou encore le comique Yacine Belhousse.



- Heroic Symphony: des mixtapes de thèmes de jeux vidéo entrecoupés de séquences narratives (Legend of Zelda, Final Fantasy VII, Castlevania…).

- Il Faut qu’On Parle (IFQP pour les intimes): une émission en live où les auditeurs se voient la possibilité de réagir en live sur des sujets aussi essentiels que leurs phobies, les héros de leur enfance ou quel Pokémon choisiraient-ils dans la vraie vie.



- Les One-shots: contenant des choses diverses et variées, comme des podcasts en binaural (méthode d'enregistrement cherchant à reproduire la perception sonore naturelle humaine, par restitution au casque) ou sa discussion avec des témoins de Jéhovah très surpris d’avoir été invités à entrer.

- La Nuit Originale: énorme émission de radio de 17 heures, filmée et retransmise en live sur YouTube.



Je vais surtout m’attarder sur cette dernière, qui pour un-e fan de culture web, est un petit bijou. Thomas Hercouët a su rassembler une pléiade de personnalités des Internets, le tout dans une ambiance bienveillante et folle. On retrouve des vidéastes deYouTube (Patrick Baud d’Axolot, François Theurel du Fossoyeur de Films, Mathieu Sommet de Salut les Geeks, François Descraques, Pouhiou Noénaute, Flober, Adrien Ménielle…), des comiques (Yacine Belhousse, Dedo…), des dessinateurs (Boulet, Davy Mourier…), des comédiens (Lucien Maine, Justine Le Pottier, Aude Gogny-Goubert…), des scénaristes (Navo, Damien Maric…), des chroniqueuses du journal féministe Madmoizelle (Clémence Bodoc, Sophie Riche, Margaux Palace…), j’en passe et des meilleur-e-s !

Tout ce joyeux petit monde se retrouve pour des interviews, des tables rondes, des débats, des jeux, des quiz, des chroniques, des chansons, de 16 heures à 9 heures le lendemain. Et la fatigue aidant, les vannes et les fous-rire s’empilent, pour le bonheur des spectateurs qui peuvent réagir sur le chat en live (s'ils ont réussi à tenir jusque là). Le maître mot est la liberté de ton, chacun peut faire ou parler de ce qu’il veut. Le but est de créer une libre antenne et de permettre la création d’un média unique.



Inutile de dire que j’adore l’Originale et surtout, la Nuit Originale. Thomas Hercouët a un don pour les interviews, sachant mettre à l’aise son interlocuteur, avec un mélange d’humour et de sincère intérêt pour les réponses. Il a ainsi pu réunir des dizaines de personnes passionnantes, avec chacune leur univers, et leur faire exprimer le meilleur d’elles-mêmes, leur donnant la liberté d'exprimer de ce qui leur tient à cœur ou qui les fait rire (liberté qui à mon avis est de moins en moins présente dans les médias traditionnels), offrant des moments d’anthologie fait d’humour, de culture, d’inspiration et de bienveillance.

Les Nuits Originales sont toutes en replay sur Souncloud ou Youtube, ainsi que les autres émissions de l’Originale. Faîtes vous du bien. Allez les écouter.


♥♥♥♥♥

samedi 21 novembre 2015

J'ai mal.



J'ai mal. Pour les gens qui souffrent depuis vendredi, mais déjà avant et depuis longtemps, j'ai mal pour le monde. Tous les jours, on voit un étalage de violences, du vol dans un centre commercial attrapé par le vigil aux bombardements lors des guerres.

Oui, c'est vrai, on voit un élan de solidarité depuis pour les parisiens, et pas forcément en période “normale” pour ceux qui vivent ça de manière encore plus violente. Oui, c'est vrai, j’écris maintenant, après Paris, et pas un autre jour. J'ai eu peur pour des proches et moins proches, j’ai pu demander des nouvelles, j'ai pu être rassurée vis-à-vis d’eux. Ouf !
Paris, c'est à côté.

Mais tous les jours, quand j’entends ce malheur qui s’abat sur Terre, j’ai mal au plus profond de moi. Je pense à ces gens, à l’horreur qu’ils doivent vivre. Et j'ai mal.

Mais aussi, je pense à ceux qui sont au départ de ces actions meurtrières. Pourquoi la violence ? Quelle(s) raison(s) derrière tout ça ? Qu’est-ce qui a pu les emmener sur le chemin de cette horreur ? C'est plus facile, c'est plus rapide ? “Il faut bien se faire entendre.”. Parfois, ce sont même des actes gratuits. Juste pour amener la terreur… Elle donne le pouvoir à celui qui l’inflige.

Je sais que je suis un bisounours, mais je crois au fond de moi que les Hommes pourraient vivre ensembles, en gardant leurs différences, mais en paix. Bien sûr il y aura toujours des petites querelles, ne serait-ce que l’enfant qui veut une pomme alors qu'il va manger dans 15 minutes. Mais juste arrêter de se taper dessus pour rabaisser les autres. Pour se dresser au-dessus. Pour être supérieur.

Et même si je ne vous connaît pas, je peux vous le dire, je vous aime.

samedi 14 novembre 2015

13.11.15

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Ce n'est peut-être pas le lieu, mais j'ai envie de m'exprimer et je profite de mon site pour le faire. Comme une tribune, comme un journal...

13 novembre, nous sommes sous le choc, il faut en parler, il ne faut pas oublier, il faut sourire et vivre. Acceptons ce qu'il s'est passé, acceptons d'avoir été traumatisés. J'écris ces mots, car ils sont pour moi une thérapie et mon arme.

Hier soir j'étais au cinéma (Mk2 bibli) avec deux amies pendant les évènements terroristes...

J'ai pris conscience de ce qu'il se passait à la vue des messages / appels inquiets que je recevais de mes proches, auparavant je ne comprenais pas pourquoi autant de gens quittaient la salle. 

Une espèce de dépressurisation, BOUM retour sur terre, nous ne sommes plus dans un film des gens meurent, mes proches sont peut-être en danger (ma sœur travaille dans un bar proche du métro Arts et Métiers) on reçoit des consignes par sms nous recommandant de ne pas bouger si nous sommes dans un lieu clos, ne pas nous déplacer dans Paris. La séance se termine, nous sortons hésitants, les spectateurs sont sur leurs téléphones, personne ne sourit alors qu'ils ont vu un film qui diffusait un bon esprit.

J'appelle une amie qui m'informe des évènements ... il est déjà tard et avec les lignes fermées et surtout le risque permanent, hors de question de rentrer à Drancy.
Ma sœur est enfermée sur son lieu de travail (un bar, le rideau métallique a été baissé pour limiter les risques en cas de fusillades...), j'ai envie d'aller la chercher mais on me dit que ça serait une prise de risque inutile, ne pas risquer ma vie pour aller chercher quelqu'un qui est en sécurité. 

Déjà les premiers questionnements, qui ? Pourquoi ? On a tous comprit (pas excusé !) pourquoi les locaux de Charlie Hebdo ont été pris d'assaut, mais là ... ce sont des gens qui sont visés aléatoirement. Une impression de "on voulait taper fort et au hasard, pour vous montrer ce dont on est capable, que vous êtes partout en danger" qui laisse sans voix ...
Après un peu de temps, nous raccompagnons une de mes amies avec qui j'étais au cinéma à Belleville (avec les lignes de métro fonctionnelles), pas si loin des incidents après réflexion, nous allons dormir chez une amie proche.

Tout au long de la soirée, il faut rassurer nos proches, nous voyons des gens livides, les larmes aux yeux ... Nos proches ont peur, nos proches craignent pour nos vies. Une espèce de vertige, ça ne peut se produire, pas ici, pas en France, pas à Paris !! Et bien si, nous ne sommes nul part à l'abri, c'est sûrement ce qu'on a voulu nous faire ressentir en tout cas.

Je me couche inquiet, me réveille dans le même état, ma chef m'a appelé à 8h pour me dire que la bibliothèque sera fermée. Comme la plupart des établissements publics de l'Île de France. Je voudrais pouvoir aller travailler, me dire que mon lieu de travail n'est pas fermé à cause du risque élevé d'attentats. Je me demande quand elle va ré-ouvrir, si on va devoir fouiller les gens, le plan vigie-pirate va sûrement être élevé.

Des gens sont morts, victimes aléatoire de la bêtise humaine qui va considérer les citoyens français comme les ennemis de leurs idées tordues... Ça aurait pu être nous, ça aurait pu être vous, les tueurs n'ont pas fait de distinctions !

Aujourd'hui nous avons le cœur lourd, les mines tirées, la France a la gueule de bois. Mise en abime, ce qu'on a vécu là c'est le quotidien pour certains... Espérons que ça nous aide aussi à mieux accepter nos voisins réfugiés.

Beaucoup d'interrogations, beaucoup d'inquiétudes, de peurs, de pleurs ... Doit-on continuer à vivre ?! Oui ! Comme dit partout, il ne faut pas se faire bouffer par la peur, mais ça n'est pas un tort d'avoir peur de la mort, il faut apprécier la vie, à sa juste valeur, ne pas oublier ces évènements, pleurer nos morts, soutenir nos familles/amis ! La solution est dans l'entraide, l'union !Ce jour me marquera, ce jour vous marquera, faisons-en quelque-chose d'utile, éduquons nous contre la connerie humaine, communiquons.

Pas de cellule psychologique pour tous les citoyens du monde, juste des mots et de l'entraide !

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vendredi 7 août 2015

Nos futurs

Nos Futurs, comédie dramatique française réalisée par Rémi Bezançon avec Pio Marmai, Pierre Rochefort (fils de Jean) et Mélanie Bernier, 97 minutes, sortie le 22/07/2015.


Yann Kerbec, patron de l'entreprise qu'il a héritée de son père, retrouve Thomas, son ami d'enfance, après une soirée d'anniversaire ratée. Yann est fermé et apparaît blasé, Thomas quant à lui n'a pas changé depuis les années lycée. Ensemble ils vont renouer avec leur passé, retrouver leurs camarades de l'époque pour essayer de se guérir l'un et l'autre. S'en suit un périple aux allures de road-trip ou les deux protagonistes vivront différentes péripéties qui révéleront des problèmes latents et feront évoluer nos héros.

Je commence tout de suite en vous disant honnêtement (si je ne l'ai pas déjà fait) que je ne suis pas – au sens large – fan du cinéma français et encore moins de tout ce qui est dramatique. La plupart du temps, on se retrouve dans du pathos gorgé de bons sentiments qui me déclenche des éruptions cutanées ! Voilà, le contexte est placé. À présent, attaquons la critique !

Alors étonnamment, j'ai bien aimé ce film dans son ensemble. Les situations que vivent les personnages sont bien jouées, les acteurs sont crédibles dans leurs rôles, on est contents de voir les quelques apparitions de Kyan Khojandi (en DJ rangé) et aussi de Tom Novembre. L'intrigue (car il y en a une) n'est pas aussi basique qu'elle ne le semble. On se plaît à voir les deux compères faire face à leurs passés, à découvrir comment leurs amis et camarades ont changé. Ils ont tous les deux une personnalité intéressante (l'un sérieux, l'autre désinvolte). Leur nostalgie des années lycée est touchante et nous fera, nous aussi, nous remémorer ces fêtes que nous vivions à leurs âges, l'absence de soucis, les histoires de cœurs, les embrouilles etc...

Bon le positif évoqué… on se retrouve tout de même avec une « révélation finale », vraiment, vraiment très convenue, vue et revue, pas de réelles surprises pendant ce film donc. Autant j'ai évoqué avant le plaisir que j'ai eu à voir ce film, autant j'ai trouvé que les émotions sont trop faiblement transmises. Quand on devrait rire, on sourit et quand on devrait être ému, on pousse tout au plus un soupir… Quelques plans aussi sont trop habituels : gros plan sur les mains de Yann et de sa femme qui s'unissent suivi d'un plan américain sur Yann qui regarde leurs mains (classique !).
Les comportements des acteurs paraissent des fois aussi très peu naturels, je pense que c'est plutôt dû à une mauvaise direction d'acteurs qu'à des personnes qui jouent mal (par exemple, la scène avec les portables).

Pour conclure, du pas trop mal et du moins bon dans ce film. Je trouve ensuite que Bezançon a bien distillé ses indices pour aider à comprendre ce qui se cache derrières les problèmes des compères.
Un film pas trop maladroitement mené qui – allez je le dis – peut valoir la peine de payer le billet !

PS : Vous aurez sûrement raison de voir un jeu de mot dans le titre !

♥♥♥♡♡

dimanche 31 mai 2015

Sentaï School, l'école des héros

Sentaï School, de Philippe Cardona et Florence Torta, 1ère publication dans le magazine Coyote en 2002, 4 tomes + 1 hors-série.

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7 ans. Il aura fallu 7 ans, mais ça y est : Philippe Cardona et Florence Torta ont récupéré les droits de leur série ! La réédition des 5 tomes et - peut-être - d'une suite, me donne l'occasion de vous présenter cette série remontant l'enfant nostalgique en moi.

Enfin, c'est la rentrée. Les nouveaux élèves arrivent aux portes de la fameuse Sentaï School, l'école des héros. Parmi eux, nous faisons connaissance, l'un après l'autre, des 5 protagonistes de l'histoire. Tout d'abord, fonçant tel une fusée au décollage, Ken Eraclor apparaît. Le robot humain apprend tous les jours à ne pas se faire découvrir par ses camarades. Perdu, il s'arrête demander son chemin et nous découvrons alors Toâ Girara, gourmet émérite, dont le prénom nous vaudra quelques fou-rires épiques. Face à leur désarroi apparaît tout d'abord le ténébreux Hongô Wing, suivi de près par Keiji Jasper le bisounours. Les 4 amis se dirigent vers leur future école. Arrivés devant l'entrée, ils entendent alors Duke, aussi appelé "le beau" par ses camarades de la gent féminie, guitare à la main. Et voilà la fine équipe réunie. Ah non, il manque un élément ! Chibi Goldo, la mascotte de la bande. C'est ainsi que nos héros en devenir découvrent les locaux tenus par le principal Ultra Sama. Ils ont également un aperçu des leçons qui leur seront enseignées, comme le classique “cours de sport” ou encore le “cours de combat”, et d'autres disciplines un peu plus particulières telles le “cours de cape”. Bien entendu, qui dit école de héros, dit école de méchants : la Vilains School, dirigée par le grand Stratéquerre ! C'est ainsi que l'on suit l'apprentissage des recrues de demain, déjouant les pièges de leurs ennemis et surtout leurs propres maladresses...
Très vite, nous faisons également la connaissance de quelques personnages secondaires et autres individus récurrents, tous aussi particuliers que nos chers bras cassés.

Sentaï School, c'est drôle, absurde, émouvant, et surtout blindé de références dans tous les coins : manga, BD, comics, films, séries, romans etc. Chaque lecture m’en fait découvrir de nouvelles que je n’avais pas reconnues auparavant. Le pitch est simple, mais efficace. L'humour peut laisser perplexe si l'on n'est pas adepte de jeux de mots et de blagues absurdes. En étant très friande, je meurs de rire à chaque gag. La lecture est fluide et simple, cependant elle peut perdre notamment les plus jeunes, n'ayant pas connu la plupart des "vieilles" oeuvres auxquelles les auteurs font un clin d'oeil. Le sens de lecture occidental n'enlève rien au charme du récit. Le trait du dessin est léger, mais peut aussi se trouver étoffé lorsque les scènes le nécessitent. Les personnes réticentes au style graphique du manga pourraient avoir un peu de mal.
Dans le hors-série, nous trouvons une petite intrigue “fil-rouge”, entrecoupée de récits pour lesquels les auteurs ont invité d’autres dessinateurs dont Bory (La Cité des Agneaux) et Ukyo (Foot 2 Rue). Cest intéressant pour découvrir des personnalités que l’on ne connaît pas (ou apprécier le travail de celles que nous aurions déjà aperçu dans les méandres de la toile), et également pour avoir une lecture graphique qui change de celle dont on a l’habitude.

Je pense que vous l'aurez compris, ce manga fait partie de mes préférés, et je ne me lasse pas de le relire.
Ah, j'entends le signal : des méchants sont en approche, je vais de ce pas enfiler mon costume et défendre les gentils.

Si vous voulez qu’un 6ème tome sorte, soutenez leur projet Ulule.

♥♥♥♥♡

mercredi 20 mai 2015

L’Ancien Temps, tome 1 : Le roi n’embrasse pas

L’Ancien Temps, tome 1 : Le roi n’embrasse pas, de Joann Sfar, édité chez Gallimard, 2009



Dans un monde où l’eau coule vers le haut, les arbres parlent et les divinités murmurent à l’oreille des humains, Nadège la sourcière décide de quitter son fiancé Cassian sans le lui dire pour aller vivre une vie d’aventures à la ville de Nissa. Elle charge son grand-père d’annoncer son départ à Cassian de afin qu'il renonce à elle. Mais le vieux sourcier arme le jeune homme d’un serpent et l’envoie sur les traces de sa petite-fille pour la protéger. Tous deux feront de multiples rencontres au cours de leur périple.

Sfar dépeint un monde fantasmagorique, rempli de magie et de créatures étranges. Les deux jeunes gens que tout oppose, Nadège, la magicienne mutine et indépendante et Cassian, le garçon naïf et plein de principes, partent pour un voyage initiatique dans un univers digne des contes de fées. Mais c’est un monde en train de basculer, prêt à passer du paganisme et sa magie, à un monothéisme culpabilisant. De même, les deux adolescents basculent dans l’âge adulte, mais suivant deux rêves différents.

L’Ancien Temps est un conte pour adultes qui critique les rapports amoureux, la religion, les croyances, sous couvert de légèreté. Les personnages sont assez peu manichéens, ils ont leurs failles et leurs défauts, ce qui les rend très humains. Nadège paraît égoïste, mais veut vivre sa vie sans entraves; son grand-père est manipulateur, mais est poussé par l’amour qu’il a pour sa petite-fille ; Cassian semble borné, mais il a des rêves différents de ceux de sa fiancée ; la reine se montre manipulable, mais a été jetée trop tôt dans le monde des adultes. L’auteur règle aussi ses comptes avec le prosélytisme et l’aveuglement des masses face à des discours de propagande qui infantilisent les gens fragiles ou utilisent le désespoir de certains.
Les dialogues, élégamment ciselés et sensuels, sont parfois tranchés par une répartie plus leste. Le dessin paraît parfois un peu flou et mal maîtrisé, mais il retranscrit bien tout le foisonnement et le bestiaire de ce monde fantastique. Les traits prennent de temps à autres des airs enfantins, renforçant l’impression de conte, mais rendant les événements tragiques plus choquants par contraste.

J’aime beaucoup cette bande dessinée qui, sous des airs de fantaisie frivole, aborde, avec philosophie et un humour un peu cruel des thèmes plus profonds qu’il n’y paraît.
Quand je me suis renseignée sur l'auteur, j'ai appris qu'il reprenait ici, des thèmes et un système de narration déjà utilisés dans d'autres de ces oeuvres. Je découvre Sfar avec L'Ancien Temps et je n'ai personnellement rien à lui reprocher. J'attends même avec impatience la suite, La Peau du loup. Malheureusement, quand on voit le temps écoulé, j'ai peur qu'on la voie jamais sortir, et c'est bien dommage.

♥♥♥♥♡

mardi 12 mai 2015

AdVenture Capitalist !



AdVenture Capitalist, sorti le 30 mars 2015, développé par Hyper Hippo Games, jeu de développement sur PC(Steam et version Flash), Iphone et Android. Prix : Gratuit.




















Qui n’a jamais rêvé d’une vie sans problèmes financiers, où l’argent coule à flot tel la bière extraite de la tireuse de votre bar fétiche ? 


AdVenture Capitalist sera probablement le jeu qui réalisera ce rêve (en quelques sortes…) !

Ce freeware de développement financier a un but très simple : amasser le plus de pognon possible ! Pas de limite de temps, pas de contraintes hormis celle d’avoir de la patience.

Très simpliste, à la manière d’un Cookie Clicker, vous avez plusieurs compagnies à gérer, du stand de limonade jusqu’à la société pétrolière. Vous commencez doucement en cliquant sur votre première entreprise (le stand de limonade) pour cumuler de l’argent qui vous permettra d’upgrader votre affaire pour en gagner encore plus, etc.


Vous pouvez ensuite, grâce à votre travail acharné (clic ! clic ! ), vous permettre d’ouvrir un nouveau commerce et rebelote !


Mais si vous en avez marre de bosser, vous pouvez recruter un manager qui sera en charge de produire du cash. Vous pouvez également débloquer des améliorations qui tripleront votre chiffre d’affaire, et bien plus encore.

Vos affaires fonctionnent aussi lorsque vous n’êtes pas en jeu! Donc inutile de s’inquiéter : tout roule sans vous!


Le concept vous paraît un peu… ennuyeux ? Pas d’inquiétude, car le jeu est basé sur une idée très intéressante : les anges. Ces derniers sont déblocables uniquement si vous VENDEZ L’INTÉGRALITÉ DE VOS INVESTISSEMENTS. En gros : vous repartez de zéro. Rien. À poil (vous pouvez garder votre caleçon, c’est offert). Plus vous amassez de l’argent durant votre session, plus vous obtiendrez d' anges lors de votre reset. Il existe des améliorations payables en anges qui offrent de très gros avantages tels que diminution des coûts d’investissement, obtention de plus d’anges, etc.


À savoir que chaque ange que vous obtiendrez vous fera bénéficier d’un bonus de 2%. INDISPENSABLE (et améliorable ! ) ! 





Selon moi, ce jeu est à posséder si vous n'avez rien d'autre à faire de vos journées : un design très sympathique, joyeux (l’argent rend heureux ! ), accessible sur plusieurs plateformes et en plus, il ne coûte rien (ironique pour une aventure capitaliste ! ) ! Le côté pauvre et répétitif du gameplay ainsi que le manque d’objectifs  (à part débloquer les succès sur Steam entre autres) risque cependant de déplaire à certains.
.

Maintenant veuillez m’excuser, j’ai une entreprise de donuts à faire tourner !


 ♥♥♥♡♡

samedi 25 avril 2015

American Psycho


American Psycho de Bret Easton Ellis sorti en 1991, réédité en poche par la maison d'édition 10/18 en 2005, 520 pages (sortie originale en 1992).


Ce livre dont le narrateur fait figure de personnage principal est le journal de bord de Patrick Bateman, golden boy vivant au cœur des années 80. Ce dernier vit au rythme des bars, conquêtes, coke, restaurants « in » et autres séances de musculation pour conserver son physique d’Apollon. Ce jeune trader de 27 ans à qui tout semble réussir est aussi – accessoirement – un psychopathe qui peut égorger un concurrent sans le moindre trouble, pratique le sadisme dans tout ce qu'il peut avoir de plus extrême et abhorre les sans-abris.

American Psycho a été adapté au cinéma en 2000 par Mary Harron avec Christian Bale dans le rôle principal (celui qui jouera aussi Batman plus tard, l'anecdote mérite d'être signalée). L'adaptation reste d'une qualité très raisonnable, Bale prenant son pied à jouer ce personnage torturé (le film a eu 15 ans tout récemment, ce qui a motivé l'écriture de cette critique). Point commun des deux versions : le livre comme le film ont tout d'abord été boycottés ou même censurés, passant pour amoraux ou encore pornographiques, qualifiés d'apologies de la violence gratuite !

Je ne vous mentirai pas, on retrouve de ces éléments dans le livre d'Ellis. Mais s'arrêter là serait à mon sens passer à côté d'une œuvre qui, malgré son côté très perturbant, vaut le détour ! A mon sens, ce qui peut surtout être très dérangeant, c'est le pointillisme de l'auteur; en effet, il est très cru et met autant de véracité que possible dans le comportement, les analyses et autres perceptions du personnage. Le malaise atteint son paroxysme quand il s'agit de décrire une scène de sexe et/ou de mise à mort (il vous faudra un estomac en béton armé).
Mais c'est aussi grâce à cette force du détail qu'on a droit à des critiques musicales captivantes sur Genesis (ancien groupe de Phil Collins), Huey Lewis (le monsieur de la BO de Retour vers le futur !), etc..

Ellis nous transporte donc dans un univers d'apparences, où l'argent est quasiment secondaire tant ce qui importera sera dans quel endroit sortir, quelle tenue mettre, quel plat manger, avec qui coucher… Pas ou peu de place pour les bons sentiments dans ce livre.
L'ouvrage est d'autant plus déstabilisant qu'il vous sera difficile de vous attacher au héros ; d'ailleurs, l'évolution du personnage ne vous plaira pas forcément non plus.

[J'essaie de ne pas trop en dévoiler sur l'intrigue mais j'ai l'impression de manipuler de la nitroglycérine quand je parle de ce livre . J'ai envie que, si vous veniez à vous le procurer, vous sachiez à quoi vous vous exposez.]

Ce que j'apprécie aussi dans le personnage de Bateman, c'est qu'il a beau être un psychopathe, il n'est pas infaillible.
Il est réellement malade et il sombre parfois dans un état de confusion avancée.
Pour résumer, American Psycho vous choquera, vous rendra malade peut-être, mais n'est-ce pas là son but ? Si ce livre vous laisse de marbre ou si vous vous reconnaissez dans Bateman, ça serait bien plus inhumain comme réaction de votre part. Tout ce que je vous souhaite, si vous le lisez, est d'en arriver au bout, car c'est une aventure, difficile certes, mais une belle aventure tout de même ! Ellis a une écriture très soignée et réaliste, pour un peu on se prêterait à croire à l'existence de sa création. La découverte de l'univers de ces jeunes gens à qui tout réussit, requins novices croquant la vie à pleines dents, relève quasiment du reportage tant il fourmille de détails.
Pour les plus frileux d'entre vous mais curieux tout de même, privilégiez le film qui,
malgré pas mal de « scènes choc », reste plus édulcoré que le livre dont il s'inspire.

♥♥♥♥
PS1 : La bande annonce du film en bonus ! 



PS2 : Ce film a une suite mais elle ne mérite même pas d'être évoquée !