mardi 31 mars 2015

It Follows

It Follows, film d’horreur américain écrit et réalisé par David Robert Mitchell, avec Maika Monroe, Keir Gilchrist et Jake Weary, sorti en France le 11/02/2015, 100 minutes.


Selon moi, la beauté d’un film provient de sa capacité à transporter le spectateur dans un lieu autre que la salle de cinéma. Cette qualité là je la retrouve parfois  chez les têtes d’affiche, mais tout de même plus souvent dans les films d’auteur. Pourtant It Follows m’a transporté loin de mon siège de cinéma confortable.

It Follows c’est l’histoire d’une jeune fille, Jay, pour qui le quotidien semble très paisible.  Elle est proche d’un garçon, Hugh, avec qui elle va avoir une expérience sexuelle. Jusque-là rien d’anormal, à part peut-être que je trouve le prénom Jay, vraiment peu féminin (rires). Mais l’expérience avec Hugh n’est pas bénigne, peu à peu, elle se sent observée et surtout suivie. À cela s'ajoute la disparition de son « ami Hugh ». S’en suit des événements qui confirment la présence d’une entité aux intentions franchement peu réjouissantes et que seule Jay peut voir. Aidée de sa sœur, et trois camarades, ils vont tout d'abord tenter de fuir...

Derrière ses aspects de teens movie, It Follows rappelle de par sa réalisation, les petits films d’auteur que je chéris tant. En effet, le cadrage est magnifiquement bien entreprit, le jeu d’acteur est à tomber par terre et la musique un pur bonheur. Bref, un côté extrêmement esthétique. Ici, pas de jump scares, ni de facepalms face à la médiocrité des comportements des personnages. Chacun à une réaction très proche de ce qu’on pourrait nous-même ressentir face à aux situations auxquelles ils sont confrontés. On est donc très loin des Paranormal Activity et de son Toby qui en devient attendrissant à force de visionnages. Outre la qualité de l’image, la musique est un point très important qui rend le film encore plus angoissant. La BO signée Rich Vreeland propulse notre cœur dans des montagnes russes, et on passe facilement du calme à l'effroi en un instant.

En termes de scénario, le concept de départ n’a pourtant rien d’extraordinaire. On est sur une idée de « chose » qui suit la personne maudite et la façon de « refiler » cette « chose » est une manière comme une autre de le présenter, et ne trouve son explication que dans le final du film. En effet, le réalisateur insiste sur le thème de la sexualité vu par l’adolescent. Ici, les avis sont partagés et je ne m’étendrais pas sur une soi-disant « dénonciation » de quoique ce soit. Pour ma part, si je devais définir le choix de ce format de scénario je dirai qu’on voit à travers « l'entité » une métaphore de la peur et l’angoisse de l’adolescent face à l’acte en lui-même. C’est pourquoi, le film est très orienté vers le ressenti même des personnages. Ces sentiments, ces petites jalousies, ces attirances…tous ces éléments qui font de ce groupe des adolescents normaux et les rendent extrêmement banals. C’est de cet aspect que provient la réelle empathie du spectateur : « ils n’ont pas une vie extraordinaire, ils sont nous. » Le théâtre de ces événements est la ville de Détroit qui apporte encore une fois, une touche d’angoisse à travers ces routes fantômes, je dirais même, cette population qui semble « zombifiée » et dans laquelle l'incarnation avance lentement et inexorablement.

Pour revenir un peu sur la prise de vue, je tiens à souligner la présence de plans séquences dans lesquels la caméra tourne sur elle-même afin d’avoir un angle de vue global. Et le rendu est tout bonnement magnifique. De plus, le passage entre la vision de Jay qui voit l'entité, et celle de sa sœur ainsi que ses camarades qui au contraire ne la voit pas, est très dynamique. Elle permet un petit moment de frisson lorsque nous nous retrouvons en tant que spectateur à s’affoler de la présence ou non de l’entité. Car, il est à préciser qu’il faut constamment fixer l'arrière-plan à la recherche de cette « chose » qui semble peu à peu se rapprocher.

Pour finir, je dirais que l’ensemble de ces composants font du film un véritable petit bijou des Horrors movies et me rassure quant au fait qu’il est encore possible d’avoir véritablement peur en sortant du cinéma. Devrais-je vraiment être rassurée d’avoir dû laisser la lumière allumée cette nuit-là ? Si vous avez l'opportunité de voir ce film, foncez ! Ne passez pas à côté de ce film !!!

dimanche 29 mars 2015

American Sniper

American Sniper, film américain réalisé par Clint Eastwood, avec Bradley Cooper, Sienna Miller, Luke Grimes. Biopic, Drame, date de sortie 18/02/15, durée 2h12.


Chris Kyle (Bradley Cooper) est le plus grand sniper de l'histoire américaine. Un héros national. Le plus grand tueur de la guerre d'Irak avec au compteur 160 tirs létaux officiels (255 selon ses dires). American Sniper, adapté du roman autobiographique de Chris Kyle, retrace le parcours exceptionnel et inhabituel de ce texan qui s'est dévoué à son pays et à l’œuvre militaire, sacrifiant sa vie de famille, sa tranquillité, et peut-être son humanité ?

La promotion faite autour du film m'avait donné envie d'aller le voir. Je savais, au vu du sujet, qu'il y avait de grands risques de tomber dans le patriotisme exacerbé, surtout quand le tout est réalisé par un cow-boy tel que Clint Eastwood, mais j'avais bon espoir qu'au contraire, la guerre soit fortement remise en cause, j'attendais qu'on nous montre une critique de Chris Kyle, que le personnage soit profond et qu'on nuance son propos.

Autant vous dire tout de suite que cet espoir n'a pas été comblé. Certaines choses m'ont cependant plu. La réalisation est soignée. Des images fortes, des couleurs consciencieusement choisies, une bande-son percutante, autant de détails qui vous plongent dans le film du début à la fin.
Le jeu de Bradley Cooper est irréprochable. C'est un acteur que j'aime beaucoup (je l'ai longtemps réduit à son physique plutôt avantageux, mais l'ai totalement redécouvert dans Happiness Therapy (Silver Lining en VO) où il livre une performance exceptionnelle), et je pense qu'il a tout à fait rempli le contrat avec sa prestation. Peut-être même était-il trop humain pour Chris Kyle qui a déclaré partout où il le pouvait qu'il ne regrettait aucun des meurtres qu'il a commis. Son seul regret était de n'avoir pas pu sauver tous ses hommes. Pour lui il y avait le bon, et le mauvais côté. « Vous préférez qu'on perde nos propres gars ou qu'on tue un des leurs ? » déclarait-il dans une interview en 2014. Et c'est un point de vue qui me déplaît profondément. Certes, c'est un biopic _ adapté d'une autobiographie. Mais il y avait tellement de possibilités de montrer que d'un côté ou de l'autre, il y avait des êtres humains, aussi bien Irakiens qu'Américains.
Eastwood aurait pu montrer la cruauté et les torts de chacun. Mais visiblement, la guerre de 2003 en Irak est encore trop récente dans la mémoire des Américains, et on nous présente les soldats Irakiens comme les pires des enflures face aux américains,_ courageux sauveurs de leur peuple sans franchement nuancer. Alors certes, on nous montre que Chris Kyle perd peu à peu son humanité. Mais Eastwood pose par-ci par-là quelques moments voulant nous attendrir ; son histoire familiale par exemple. Encore un point que je n'ai pas aimé.
Premièrement j'ai trouvé l'histoire avec sa femme extrêmement « clichée », donnant une image du couple particulièrement stéréotypée (bon, c'est un biopic, ils n'allaient pas réécrire sa vie de couple, mais disons que ça ne m'a pas aidé à apprécier la personne). Pire je n'ai pas trouvé d'utilité à ces passages, ils en venaient à casser le rythme du film. Sienna Miller n'est pas époustouflante dans son rôle, mais très jolie, une femme parfaite pour ce héros national. Personnellement, ça ne m'a pas rapprochée du personnage de Chris Kyle (au contraire). Et j'ai culpabilisé de ne pas aimer ce personnage qui nous est vraiment présenté comme un sacré héros.
Décédé en février 2013, tué par un vétéran de guerre traumatisé, il a eu droit à des obsèques nationales qui ont rassemblé les américains.

Je pense que je n'ai pas été touchée par le film comme le réalisateur voulait certainement que son audience le soit. Mais je ne regrette pas d'être allée le voir. Je me suis posée des tonnes de questions par la suite.
Je n'ai pas franchement aimé Chris Kyle tel qu'il est dépeint, mais n'était-il pas qu'un soldat qui obéissait aux ordres, baignant dans le patriotisme depuis sa plus tendre enfance et qui ne voyait en l'autre qu'un ennemi à exterminer ?
Une chose est sûre, cet esprit pro-américain, que je ne rejette pas systématiquement (il m'est simplement culturellement étranger), m'a ici vraiment dérangée parce qu'il crache au passage sur les pays du Moyen-Orient qui ne sont humanisés à aucun moment dans le film. Est-ce un parti-pris pour tout montrer du point de vue du sniper ? Peut-être, il n'empêche que cet homme est un héros pour une majorité d'américains, et je trouve la déduction qui en découle assez effrayante.

♥♥♡♡♡

lundi 23 mars 2015

Marvel - Les agents du S.H.I.E.L.D.

Marvel – Les Agents du SHIELD (série) inspiré du comics S. H. I. E. L. D. créé par Stan Lee et Jack Kirby, adapté par Joss & Jed Wedhon et Maurissa Tancharoen. 

En production. Actuellement 2 saisons, 32 épisodes de 42 minutes
Arrive en France sur W9 à partir du 18 mars



Revenu d’entre les morts après avoir été transpercé par Loki, l’agent Phil Coulson (l’excellent Clark Gregg) reprend du service. Il dirige désormais sa propre équipe composée de Grant Ward (alias Brett Dalton, le monsieur muscle), Mélinda Mai (jouée par Ming-Na, l’asiatique froide et calculatrice), les deux rats de laboratoire Fitz et Simmons (respectivement interprétés par Iain De Caestecker et Elizabeth Henstridge) et Skye (Chloe Bennet) recrutée par Coulson pour ses dons de hackeuse. Tout ce petit monde voyage à travers le monde dans le « Bus », un avion tout équipé, pour résoudre les enquêtes du SHIELD.

Cette série est la première coproduite par les studios ABC (à qui on doit notamment Once Upon A Time), Mutant Enemy (la société de production de Joss Whedon) et les tous jeunes studios MARVEL (crées en 2010). Une association plutôt réussie : plusieurs autres séries MARVEL sont attendues dont certaines destinées à NETFLIX pour un budget de 200 millions de dollars. Tout ceci reste cependant loin des budgets alloués aux dernières superproductions MARVEL (rachetés par les studios Disney) et des moyens techniques et humains que l’on peut retrouver dans séries diffusées par HBO, la chaîne concurrente. Point d’effets spéciaux extraordinaires ni de superstars (en dehors d’une apparition de Samuel L. Jackson), ce qui a éloigné beaucoup de téléspectateurs de la série aux USA, malgré un lancement record.
La série reste cependant de qualité avec des effets spéciaux qui sont loin d’être cheap, un univers parfaitement maîtrisé par Whedon (qui a accessoirement réalisé Avengers 1 & 2), une musique orchestrée par l’excellent Bear McCreary (The Walking Dead) et des décors tournés en partie en extérieur (dont Paris).
En France, les premiers épisodes ont battu tous les records d’audience de lancement d’une série sur la TNT.

Les agents du SHIELD suit typiquement les grandes lignes des séries d’enquête comme Castle, Bones ou Body of Proof : des personnages stéréotypés aux modes de vies contraires forcés à vivre et à travailler ensemble. Sur un fond d’enquêtes paranormales/extraterrestres/scientifiques, l’équipe se forme et les quêtes personnelles se dévoilent. On en apprend également d’avantage sur le SHIELD et son fonctionnement très codifié.
On peut cependant regretter le manque de profondeur dans le jeu de certains acteurs (en dehors de Coulson… Pratiquement tous en fait !!) pour ce qui est des deux premières saisons. Mais c’est aussi ce qui se passe pour de nombreuses autres séries du même genre. Espérons que la saison 3 apportera plus de relief aux personnages !


De gauche à droite : Skye, Simmons, Fitz, Coulson, Mai et Ward


♥♥♥♡♡






lundi 16 mars 2015

Star Wars Identities

Star Wars Identities, exposition visible à Lyon du 9 Novembre 2014 au 19 Avril 2015.



L’exposition nous propose de suivre les destins d’Anakin et Luke Skywalker et de comprendre comment, avec un bagage génétique similaire, ils ont suivi un chemin différent. Ce parcours se fait à travers dix composantes : l’espèce, les gènes, les parents, la culture, les mentors, les amis, les événements de la vie, la profession, la personnalité et les valeurs. Un bracelet interactif permet de créer son propre personnage dans l’univers de Star Wars en suivant les mêmes étapes.

L’exposition présente aussi une collection d’objets ayant servi sur les tournages des six films comme les costumes de Darth Vader, R2D2, C3PO… des maquettes de vaisseaux dont le Faucon Millenium, des dessins conceptuels et des accessoires. Un audio-guide permet de découvrir diverses anecdotes sur la création des films.

L’exposition s’articule donc entre trois thématiques (l’identité, la création de personnage et la collection) et l'ensemble étant parfaitement homogène. Chacun des dix thèmes de l’exploration de l’identité regroupe des objets, des vidéos ou des anecdotes en rapport avec l'univers de Star Wars et structurent la visite.
La collection est impressionnante et ravira les passionnés. Elle permet d’admirer quelques pièces absolument inédites. En plus de cela la partie éducative est particulièrement fascinante, exposant la construction d’une identité de l’enfance à l’âge adulte, en prenant exemple sur deux personnages emblématiques de l’univers. Chaque étape est analysée et appliquée à Luke et Anakin, permettant de voir comment chacun a choisi un côté opposé de la force. La création de notre propre personnage permet de nous impliquer dans le processus (un conseil : venez accompagné, ça sera utile pour une étape de l'exposition). Par contre, il est dommage que l’envoi du personnage par mail, histoire de garder un souvenir, ne fonctionne absolument pas. Vous avez de grandes chances de recevoir celui de quelqu’un d’autre.


J’ai beaucoup aimé cette exposition, qui, en plus d’être d’une richesse incroyable, sait rendre la visite instructive et ludique sur un sujet qui nous concerne tous : notre identité.
♥♥♥♥

mardi 10 mars 2015

Five Nights at Freddy's



Five night at Freddy’s sorti le 8 août 2014, développé par Scott Cawthon, survival horror sur PC, Iphone et Android.




Five Night at Freddy’s ce nouveau survival-horror a tous les ingrédients nécessaires pour une vraie expérience de jeu terrifiante. Peur garantie !


Le jeu nous plonge dans le rôle d’un garde de nuit au restaurant pour enfants : Freddy Fazbear Pizza tout juste ré-ouvert après de dramatiques événements.  Le but du jeu sera de survivre, entre minuit et six heures du matin pendant 5 nuits (correspondant à 5 niveaux), à l’attaque de robots articulés ayant l'apparence de mascottes : Les animatronics. Chaque début de nuit vous recevrez un appel d’un ancien employé, Phone Guy de son petit nom, qui vous donnera des conseils sur chaque antagoniste qui sont Freddy l’ours, Chica le canard, Bonny le lapin, Foxy le renard pirate. Reste le dernier, GOLDEN Freddy, qui est le seul animatronic qui ne vous tuera pas (mais apparaîtra de temps en temps pour brouiller votre écran). Ce jeu s'inspire du jeu « 1,2,3 soleil »


Le jeu est très simple à prendre en main, uniquement avec votre souris, vous devez surveiller les animatronics via les écrans de caméras de sécurité afin de vérifier leur déplacement et fermer les portes qui seront votre seul rempart contre eux. Mais attention, vous avez une énergie limitée, si celle-ci tombe à zéro, les animatronics ne feront qu’une bouchée de vous.


Véritable succès sur Steam, le jeu ne dispose pas de graphismes magnifiques, ni d’un gameplay avancé et tant mieux ! Le fait d'être restreint à un espace confiné rend l’atmosphère beaucoup plus oppressante, à chaque instant il faut être réactif aux sons et aux caméras, surtout lorsque l’une de nos « amies » regarde votre caméra de surveillance (Chica sera celle qui se fera l’honneur de vous sourire le plus ;) ). Les jumpscares et les effets sonores amplifieront la sensation de peur à chaque instant, plus les nuit passeront, plus les événements se déchaîneront sur vous… DU PUR DELIRE !


L’autre intérêt du jeu est aussi dans son background, car oui, une histoire glauque de meurtre se cache sous ces mascottes mécaniques qui s’animent la nuit. En effet, chaque appel que vous recevrez du Phone Guy vous explique quelques aspects du restaurant et sa récente réouverture : Pourquoi le précédent restaurant a-t-il été fermé ? Pourquoi les mascottes se déplacent-t-elles la nuit ? Pourquoi Freddy a-t-il des empreintes de main sur sa tête…. Oups j’en ai trop dit ! Raison de plus pour rester… une nuit de plus.

FNAF est l’un des jeux de l’année 2014 par son innovation dans le domaine de la peur, tout en restant simpliste mais d’une profondeur grandiose. Je n’ai personnellement pas réussi à aller au-delà de la troisième nuit, Bonnie se déplace vite, Chica fait trop peur, Foxy vous fonce (littéralement) dessus, et Freddy est caché derrière ses compères le rendant quasi-invisible ET PAF… GAMEOVER. Mais que de sensations fortes !
Deux suites sont actuellement sorties sur PC, Android et Iphone. Mais peut-être en parlerons-nous dans une prochaine critique.
A essayer d’urgence dans le noir et équipé d'une couche Tena !

♥♥♥♥♥

vendredi 6 mars 2015

La Petite Mort tome 2

La Petite Mort tome 2 : Le secret de la licorne-sirène, Davy Mourier, Editions Delcourt, sortie le 8 Octobre 2014, 96 Pages.

 
 
Nous retrouvons dans ce tome la suite des aventures de la Petite Mort, le fils de Papa Mort et Maman Mort. Il désire toujours devenir fleuriste malgré un destin tout tracé et va être confronté aux affres de l'adolescence et à l'entrée au collège. Comment mener une vie "normale" quand on est tout sauf un être comme les autres ? Hormones et autres questions existentielles seront au rendez-vous !

Davy Mourier nous présente ici sa septième bande-dessinée et deuxième opus des aventures de la Petite Mort (T1 sorti le 4 Septembre 2013). Artiste touche-à-tout, tour à tour acteur, animateur, comédien, dessinateur, parolier, réalisateur ou encore scénariste. Après s'être fait connaître sur la toile via Nolife (et plus particulièrement NerdZ ou encore le Golden Show), Davy commence à se faire connaître dans le paysage humoristique français avec son one-man-show Petite dépression entre amis (que j'ai beaucoup apprécié mais qui n'est plus à l'affiche actuellement), sa saga de BD la Petite Mort (finaliste du prix Fnac BD 2014) et il apparaît aussi régulièrement sur le petit écran avec Constance dans la série Constance ou la gueule de l'emploi sur Téva.

Ouvrir une BD de cette saga pour moi c'est comme le matin de Noël, on ne sait pas à quoi s'attendre, on a plein de cadeaux différents et (en général) on est content de tout ! Vous aurez donc droit à la suite des aventures de la Petite Mort, des fausses publicités hilarantes, de l'humour noir à gogo, des sketchs avec d'autres personnages... Bref, pour notre plus grand plaisir, il y à une profusion de contenus différents y compris des images en réalité augmentée (pensez à équiper votre smartphone de l'appli adéquate) ce qui fait de cette BD un support cross-média (on ne lui en demandait pas tant) dont il serait bête de se priver !
 Ayant lu les précédentes BD de Davy (41 euros : Pour une poignée de psychotropes et 50 francs pour tout) j'avais un doute quant à sa capacité d'inventer un personnage à part entière sans trop plonger dans le récit auto-biographique. Après deux tomes, je suis bel et bien rassuré. Cependant, pour ceux donc qui ont lu ces deux BD, vous retrouverez des thèmes récurrents et des similitudes avec ce qu'a pu connaître Davy dans son adolescence sans que cela paraisse déplacé pour autant. 
Nous avons affaire à une BD avec un humour acide, noir et pince-sans-rire. Le héros est confronté aux problèmes, interrogations qu'on peut connaître dans l'adolescence et y réagit à sa manière, je trouve l'adaptation de tous ces éléments vis-à-vis d'un "preneur d'âmes" particulièrement juste et bien trouvée. Au-delà des blagues parfois un peu crues, une vraie réflexion se fait autour de la disparation de l'innocence, du passage à l'âge adolescent voire adulte et la lutte contre cette quasi-obligation de mûrir. 

Cette BD prolonge le succès rencontré par la précédente et la qualité des sketchs ne faiblit pas. Cependant ne vous y trompez pas, si elle peut être lue par des adolescents elle reste une BD pour adultes. J'ai beaucoup d'affection pour la Petite Mort (j'espère toujours qu'il va lui arriver les meilleures choses possibles), j'ai hâte de la retrouver dans le tome 3 (en cours d'écriture actuellement) et je félicite Delcourt pour la qualité de leur édition et de la reliure (dans un style un peu comics). Bref, un réel plaisir que de lire cette
œuvre aussi particulière qu'innovante, je trouve ça rafraichissant de rencontrer un contenu aussi original en France où nous sommes si frileux et habitués au format BD belge (que j'apprécie néanmoins), je dis bravo et merci à Davy Mourier, continuez à nous surprendre et à nous faire mourir de rire !

♥♥♥♥♡

mercredi 4 mars 2015

Jusqu'à mon dernier souffle

Jusqu'à mon dernier souffle (titre original Jab Tak Hai Jaan), film indien réalisé par Yash Chopra avec Shahrukh Khan, Katrina Kaif et Anushka Sharma, romance, date de sortie en France le 16/11/12, 175 min.



Akira Rai est une jeune et fougueuse apprentie journaliste venue au Cachemire pour essayer de décrocher un contrat avec la chaîne de documentaires Discovery Channel. Elle manque de se noyer suite à un pari idiot et est sauvée par le taciturne Samar Anand, démineur de l’armée indienne, qui lui abandonne sa veste. A l’intérieur d’une poche de cette dernière, la jeune femme découvre le journal du major qui relate une rencontre qu’il a fait dix ans plus tôt à Londres. A cette époque, Samar était un jeune homme joyeux cumulant les petits boulots. Il va tomber amoureux de Meera Thapar, une jeune fille croyante, destinée à prendre la suite de son père à la tête de l’entreprise familiale et déjà fiancée.
Jab Tak Hai Jaan est une pure romance bollywoodienne, ancrée dans la modernité. La première partie nous emporte dans une classique mais néanmoins envoûtante histoire d’amour où Samar et Meera sont irrémédiablement attirés l’un par l’autre, mais finalement séparés par le destin. La seconde partie nous les montre dix ans plus tard, éprouvés par cette épreuve mais toujours liés par leurs sentiments. La pétillante Akira les rapprochera malgré ses sentiments pour Samar.

Les personnages présentent toute une palette de facettes et d’émotions, de la plus lumineuse à la plus triste, chacune retranscrite avec brio par les acteurs. Ils sont tous touchés à leur façon par les événements et évoluent à leur manière, ce qui les rend terriblement attachants. L’histoire nous emporte des confins du Cachemire à Londres, dans le maelström de sentiments du trio et son souffle romantique nous marque durablement. 
La musique et les chorégraphies sont agréables et modernes, avec une mention spéciale pour Heer, qui est mon coup de foudre musical.
Je regrette la fin, qui à mon sens est un peu bâclée, avec un dénouement abrupt et qui nous laisse sans réelles explications. 

J’ai beaucoup aimé Jab Tak Hai Jaan, qui est romantique sans être mièvre, dramatique sans être tourmenté. Je trouve qu’il change des films à l’eau de rose traditionnels, en évitant le cliché éculé du triangle amoureux, par exemple, et en étalant l’histoire dans le temps, ce qui laisse de la place à une vraie évolution des personnages. Si vous cherchez une belle histoire d’amour à regarder, ne vous laisser pas rebuter par la durée du film, il vous emportera sans peine durant trois heures.
♥♥♥♥♡

mardi 3 mars 2015

King Kong Théorie

King Kong Théorie, Virginie Despentes, essai autobiographique
145 pages, Editions Grasset & Fasquelle, 2006



Virginie Despentes, féministe convaincue, est connue pour ses écrits engagés dont certains ont été adaptés au cinéma (Baise-moi, Byebye Blondie). Connue pour éviter les discours « langue de bois », elle est une des premières personnes à s'exprimer franchement sur la place des femmes, l'auto-censure qu'elles s'infligent, mais aussi à mettre en avant la manière dont les hommes sont eux aussi les victimes du sexisme. Elle ose mettre les pieds sur des terrains sensibles et tabous comme la prostitution, l'industrie du porno, l'institution familiale, etc. Souvent critiquée pour ses discours provocateurs et virulents, elle a cependant toujours mis un point d'honneur à ne pas taire les choses sous prétexte que certaines personnes ne veulent pas les entendre.
Virginie Despentes, aujourd'hui âgée de 45 ans, continue à militer et à écrire. En 2015, sortira Vernon Subutex, toujours chez Grasset.

King Kong Théorie est avant tout une autobiographie mais pas seulement. Nombre de questions philosophiques et de réflexions sociétales se croisent et nous interrogent au cours du récit. Si l’œuvre est rédigée à la première personne, le sujet n'est pas tant Virginie elle-même, mais bel et bien les femmes dans leur ensemble. Elle ne prétend pas représenter à elle toute seule l'ensemble de la gente féminine, mais elle tente, au contraire de partir de sa singularité pour étendre une réflexion sur ce qu'elle a pu voir de la manière dont sont perçus les rôles sociaux, sexuels, éducatifs des femmes. En passant par son viol, sa période de prostitution, mais aussi son passé de critique pornographique, elle expose les conclusions qu'elle a tirée au fil de ses carrières et de ses expériences. Toujours dans l'argumentation, jamais dans la justification, Virginie Despentes ne s'excuse pas de dénoncer, elle se contente de dire sa vérité.

En tant que féministe, je savais avant même la lecture du livre qu'il me serait intéressant. Que je sois d'accord ou pas avec ce qui allait être dit, Virginie Despentes EST une figure du féminisme, c'est indéniable, et ses mots poussent toujours à la réflexion et à la remise en question. Je n'ai pas été déçue, j'ai été amenée à BEAUCOUP réfléchir au fil des mots. Sa vie époustouflante force une certaine admiration, un respect. Mais avant de me laisser embarquer par cette fascination quelque peu naïve, j'ai taché de garder un œil objectif sur l’œuvre pour en tirer un maximum d'informations. Trêve de déblatérations. Je n'ai au final que deux critiques mineures à faire. C'est tout.
J'ai aimé ce bouquin. Je l'ai aimé parce qu'il va dans mon sens sur beaucoup de points. Je l'ai aimé également parce qu'il m'a beaucoup appris. Je l'ai apprécié enfin parce que je suis en désaccord avec certains passages. Virginie Despentes n'est pas avare, tout le monde en prend pour son grade, les hommes comme les femmes. Nous sommes tous responsables, à différents degrés, des rapports de force et de soumission dont nous sommes (ou non) les acteurs, parce que nous ne nous battons pas tous contre. Parce que certains d'entre nous s'y complaisent, et n'ont pas franchement envie que ça change. C'est ce qui fait la force de l’œuvre, mais qui en fait aussi un défaut majeur, et c'est la première vraie critique que j'apporterai.
Tout le monde en prend pour son grade, mais ce livre prend alors une dimension très culpabilisante qui nous fait comprendre que quoiqu'on ait fait jusqu'ici, on a forcément agi de travers. Ce qui est peut-être vrai dans certains cas. Mais qui n'est pas forcément la technique idéale pour convertir au féminisme. Pour moi qui l'était bien avant cette lecture, j'ai cependant vite compris que l'objectif de Virginie Despentes n'était pas de convaincre les gens, de leur montrer à quel point être féministe c'est merveilleux, intelligent et moderne. Au contraire, ses lignes sont traversées par la difficulté de faire changer les mœurs. Être féministe, c'est des sacrifices et c'est des risques à prendre, chaque jour, chaque minute et chaque seconde. Elle ne veut pas dire aux gens qu'il faut qu'ils la rejoignent. Elle dit, tout simplement. Elle n'a pas de comptes à rendre. Rien que des faits à étaler, des choses qui crèvent les yeux mais que personne ne semble voir.
J'ai apprécié qu'elle mette un point d'honneur à dire que chaque femme est différente, et que la stigmatisation est nos pires ennemis. Virginie commence par se définir comme une moche, une virile, mais que ce n'est pas pour autant qu'elle en veut aux femmes belles et féminines (même si le terme « féminité » est mis à rude épreuve durant l'intégralité de l'essai). Cette exposition de la diversité des personnalités est fondamentale pour toute personne qui veut défendre la cause des femmes. Cela m'amène à ma deuxième critique.
Si Virginie Despentes ne démolit pas les hommes dans l'unique but de les démolir parce qu'ils ont eu la chance de naître avec un pénis, elle les défend à plusieurs reprises, les mettant en position de victimes du sexisme envers les femmes. Je suis en accord avec ces propos, néanmoins la diversité qu'elle accorde aux femmes, elle n'en fait pas profiter les hommes. Elle a beau ne pas les placer comme responsables par défaut du sexisme, il n'y a que peu de passages parlant des différents types d'hommes qu'on peut rencontrer au cours d'une vie. Elle devise des belles, des grosses, des moches, des connes, des savantes, des sportives, des séductrices, des puissantes, des fourbes, des malignes. Mais quand elle aborde les hommes, elle parle... des hommes dans leur ensemble. Elle différencie cependant les hétéros et homosexuels et du fait que certains hommes souffrent de ne pas correspondre à l'image du « viril » mais c'est souvent passé à la trappe.
Pour conclure, c'est un manifeste plus qu'un témoignage. C'est un coup de gueule et un message d'espoir pour les générations futures qui sauront peut-être se détacher progressivement des clichés qui nous brident et nous enferment. Je conseille cet ouvrage à tout le monde. Féministe ou non, ce livre vous concerne forcément. Accrochez-vous, ça peut être brutal parfois, mais je pense sincèrement qu'on ressort de cette lecture avec de quoi réfléchir.

♥♥♥♥