La
Trilogie de Bartiméus de Jonathan STROUD aux éditions Albin Michel.
2003 – 2005, Fantasy
La
Trilogie de Bartiméus, ou comment transformer les notes de bas
de page, ces choses qui souvent vous ennuient et toujours cassent
votre rythme de lecture, en de petites incises aussi drôles
qu’instructives.
Cette
trilogie fantasy, composée de L'Amulette de Samarcande,
L'Oeil du golem et La Porte de Ptolémée, est un roman
à deux, puis trois voix (à partir du tome 2). L'une est celle du
héros éponyme: Bartiméus, un démon («djinn» s'il-vous-plaît,
quand on est poli) âgé de quelques cinq milliers d'années. Il est
puissant, roublard, sarcastique, vantard – en bref, un personnage
extrêmement attachant.
En
écho lui répond – lui commande – celle d'un jeune magicien
dénommé Nathaniel. Celui-ci a douze ans au début de l'aventure et
dix-sept lors de son dénouement. Il est exceptionnellement doué
pour la magie, un peu tiraillé entre ses convictions et ses
aspirations, et même carrément
coincé en matière d'humour. Bref, un tandem qui va au clash. La
troisième vient encore détonner avec l'ensemble, mais je n'en dirai
pas plus sur cette dernière.
L'action
se déroule essentiellement à Londres, alors que l'Empire
britannique est au faîte de sa gloire coloniale. Au sommet de la
pyramide socio-politique se situent les magiciens, à leurs pieds
« les démons » et les plébéiens. Le tout est cimenté
par un mélange de cupidité, d'aversion et de craintes mutuelles.
Heureusement, nulle trace de manichéisme dans la composition.
Le
style de l'auteur est très agréable. L'évolution des personnages
est particulièrement bien travaillée. Son univers est plutôt
original ; il s'agit ici d'un joyeux patchwork de faits
historiques, légendaires et mythologiques plus ou moins déformés.
Ces nombreux clins d’œil sont rafraîchissants, un vrai cocktail
d'érudition et d'irrévérence. J'imagine que l'on perd un peu de la
fraîcheur des jeux de mots avec la traduction française, mais on
peut cependant saluer le travail d'Hélène Collon qui nous fait
parvenir de beaux restes. Et c'est une férue de V.O. qui vous le
dit.
Pendant
la lecture des quelques 1 200 pages, je me suis divertie avec un
roman pour adolescents, jubilatoire et de bonne facture et en ai
retiré beaucoup de satisfaction – malgré un T.2 un peu plus
terne. Puis, sur les 200 dernières, une profondeur philosophique
jusque-là suggérée se révèle. Celle-ci m'évoque le bouddhisme
indien : on y retrouve les concepts d'avatars, la douleur causée
par le cycle des réincarnations, l'existence d'un monde chaotique
parallèle au monde sensible...
Vu
que cette œuvre pêche un peu d'un point de vue d'inventivité
brute, je regrette que l'action et l'humour aient prévalu sur cet
aspect.
J'aurais volontiers classé
cette saga parmi les meilleures dans la catégorie Fantasy/S.-F. que
j'aie lues à ce jour. Au risque de froisser l'ego d'un certain
djinn ou de son auteur, je ne lui attribuerai que quatre cœurs sur
cinq... soit une médaille d'argent –
l'horreur suprême quoi, mais après tout, qui aime bien châtie
bien !
Il va sans dire que j'ai très envie de lire L'Anneau de Salomon, même héros, même auteur, même édition (la version brochée est sortie en 2011 et la version poche en 2013). Cet épisode nous ramène 3 000 ans plus tôt, et l'on y dévoile les exploits dont se targue notre sémillant djinn à longueur de tome.
Edit : Lu et apprécié, ce fut un plaisir de retrouver le pédant... euh... sémillant... brillant Bartiméus. J'ai regretté la fait que l'"Autre monde" ne soit qu'évoqué, mais la révélation de ces fameux "entretiens avec Salomon" et les impertinence du bon vieux Bart' ont largement compensé mes attentes.
♥♥♥♥♡
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