jeudi 9 avril 2015

La Trilogie de Bartiméus (Bartimaeus Sequence)

La Trilogie de Bartiméus de Jonathan STROUD aux éditions Albin Michel. 2003 – 2005, Fantasy



La Trilogie de Bartiméus, ou comment transformer les notes de bas de page, ces choses qui souvent vous ennuient et toujours cassent votre rythme de lecture, en de petites incises aussi drôles qu’instructives.

Cette trilogie fantasy, composée de L'Amulette de Samarcande, L'Oeil du golem et La Porte de Ptolémée, est un roman à deux, puis trois voix (à partir du tome 2). L'une est celle du héros éponyme: Bartiméus, un démon («djinn» s'il-vous-plaît, quand on est poli) âgé de quelques cinq milliers d'années. Il est puissant, roublard, sarcastique, vantard – en bref, un personnage extrêmement attachant.
En écho lui répond – lui commande – celle d'un jeune magicien dénommé Nathaniel. Celui-ci a douze ans au début de l'aventure et dix-sept lors de son dénouement. Il est exceptionnellement doué pour la magie, un peu tiraillé entre ses convictions et ses aspirations, et même carrément coincé en matière d'humour. Bref, un tandem qui va au clash. La troisième vient encore détonner avec l'ensemble, mais je n'en dirai pas plus sur cette dernière.
L'action se déroule essentiellement à Londres, alors que l'Empire britannique est au faîte de sa gloire coloniale. Au sommet de la pyramide socio-politique se situent les magiciens, à leurs pieds « les démons » et les plébéiens. Le tout est cimenté par un mélange de cupidité, d'aversion et de craintes mutuelles. Heureusement, nulle trace de manichéisme dans la composition.

Le style de l'auteur est très agréable. L'évolution des personnages est particulièrement bien travaillée. Son univers est plutôt original ; il s'agit ici d'un joyeux patchwork de faits historiques, légendaires et mythologiques plus ou moins déformés. Ces nombreux clins d’œil sont rafraîchissants, un vrai cocktail d'érudition et d'irrévérence. J'imagine que l'on perd un peu de la fraîcheur des jeux de mots avec la traduction française, mais on peut cependant saluer le travail d'Hélène Collon qui nous fait parvenir de beaux restes. Et c'est une férue de V.O. qui vous le dit.

Pendant la lecture des quelques 1 200 pages, je me suis divertie avec un roman pour adolescents, jubilatoire et de bonne facture et en ai retiré beaucoup de satisfaction – malgré un T.2 un peu plus terne. Puis, sur les 200 dernières, une profondeur philosophique jusque-là suggérée se révèle. Celle-ci m'évoque le bouddhisme indien : on y retrouve les concepts d'avatars, la douleur causée par le cycle des réincarnations, l'existence d'un monde chaotique parallèle au monde sensible...
Vu que cette œuvre pêche un peu d'un point de vue d'inventivité brute, je regrette que l'action et l'humour aient prévalu sur cet aspect.
J'aurais volontiers classé cette saga parmi les meilleures dans la catégorie Fantasy/S.-F. que j'aie lues à ce jour. Au risque de froisser l'ego d'un certain djinn ou de son auteur, je ne lui attribuerai que quatre cœurs sur cinq... soit une médaille d'argent – l'horreur suprême quoi, mais après tout, qui aime bien châtie bien !

Il va sans dire que j'ai très envie de lire L'Anneau de Salomon, même héros, même auteur, même édition (la version brochée est sortie en 2011 et la version poche en 2013). Cet épisode nous ramène 3 000 ans plus tôt, et l'on y dévoile les exploits dont se targue notre sémillant djinn à longueur de tome.
Edit : Lu et apprécié, ce fut un plaisir de retrouver le pédant... euh... sémillant... brillant Bartiméus. J'ai regretté la fait que l'"Autre monde" ne soit qu'évoqué, mais la révélation de ces fameux "entretiens avec Salomon" et les impertinence du bon vieux Bart' ont largement compensé mes attentes.


♥♥♥♥♡


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire